La Solitude…

Oooh oui, mes p’tites patates, la solitude! Et là, vous vous dites évidemment « Oh, la pauvre patate cosmique, si seule au monde« … Oui mais non. Je viens de lire une étude concernant l’augmentation du nombre de gens mangeant seuls au restaurant, avec en prime un article du nouvel obs faisant jouer le pathos, et révélant des témoignages de ces gens-là, qui ont visiblement de bonnes raisons de manger seuls, mais tout de même, les pauvres… Il est démentiel ce monde humain, tout de même, dans lequel pour ne pas se faire pointer du doigt, il faut à tout prix se montrer en compagnie, dans toutes nos activités sociales (consuméristes), sous peine de passer pour d’étranges êtres en marge.

J’aime être seul, et franchement, je ne le suis pas assez. Non pas que ce soit une souffrance, cette non-solitude, car j’aime également partager avec les gens qui viennent prendre des nouvelles, proposer une visite de musée ou venir déjeuner. Mais j’aime vraiment être seul, pour travailler, pour vivre pleinement mon existence, même si je reste en quête d’un sens à tout ce bazar. Je le vois et je l’entend, pratiquement quotidiennement, je comprend que pour beaucoup, être seul est une terrible chose, et tout vaut mieux que cela. Mais comment avancer dans l’agitation? Comment se développer soi-même dans le jugement permanent des proches? Ce n’est pas mieux de se poser, méditer peut-être, mais en tout cas souffler, et ne plus penser au monde du dehors de soi?

Aujourd’hui je suis seul, et rien qu’écrire ces mots à une connotation triste et pas top du tout, alors que je suis enfin libre de me préoccuper de mes affaires, de me focaliser sur les choses que j’aime, les gens que j’aime surtout. Car oui, vouloir être seul n’est pas non plus de l’égoïsme, c’est un besoin vital, un premier petit pas pour dire à cette foutue société « je sais que tu as tout prévue, de la maternelle à la retraite, pour que l’ordre naturel des choses soit d’être à deux, surtout consommer à deux, et accessoirement, pondre la génération suivante d’esclaves« .

J’ai bientôt 42 ans, je ne sais pas vraiment où je vais, mais je suis bien entouré, et j’aime apprendre, j’aime m’émerveiller et cela arrive très souvent, mais loin de ce monde virtuel d’images et de peur-de-tout. J’ai démissionné de la fonction publique après 17 ans de rien, ce fut mon premier acte malin, bien que j’ai encore en tête les visages faussement inquiets de mes ex-collègues, et ceux des gens avec qui j’en parle maintenant. Une chose est sûre, j’aime ma solitude. Elle me permet de me ressourcer, de me régénérer face à la violence en continu de cette société dont le cynisme me glace le sang. Même en cherchant celles et ceux qui sont animés par des passions, qui veulent plus que cette vie imposée et modélisée vendue en 3D, je croise encore trop souvent de ces gens qui ont peur de tout, qui entendent mais n’écoutent pas, aussi bien le sens des mots que les émotions de leur interlocuteur, perdus dans les « soucis » insolubles d’une existence entière à répéter les mêmes gestes, prononcer les mêmes phrases –Il fait pas beau! Tu as vu l’émission hier soir? – les derniers mois à mon ancien boulot, j’ai cru que j’allais devenir fou à entendre ça, du matin au soir, tous les jours (sauf samedi et dimanche, évidemment). Je m’en rappelle, j’étais comme engourdi physiquement, et il fallait que je prenne les grandes boucles de marche en rentrant le soir, pour me débarrasser de cette torpeur.

Bien entendu, comme je le lis souvent, il est probable que toi, ma p’tite patate, tu te dises « Oui mais ma glorieuse Patate ténébreuse, tu te prendrai pas pour quelqu’un de supérieur à juger comme ça? Hein? Hein? » ce à quoi je te répondrai bien entendu que non, je ne suis pas comme Macron ou Le Pen, un anti-système auto-proclamé. Je l’ai vu le tiers-monde, et je n’ai pas envie de m’y retrouver. Sauf qu’une existence à ne faire que consommer, cela ne me plaît pas trop non plus. Et toutes nos interactions sociales impliquent de la consommation. C’est aussi pour cela que je l’aime ma solitude, elle me permet, difficilement encore, de me préserver un peu de ce délire consumériste mortifère, qui nous tuera tous. Oh oui ma p’tite patate, ceci est une prophétie, à tout détruire et en opprimant les 99% autres, il n’y aura pas de révolution pour aller mieux, il y aura juste une fuite en avant, avec un soupçon de nihilisme. Et puis il sera trop tard, et tant mieux quelque part. Mais bref!

Donc voilà, moi la solitude, je la recherche. Non, je l’ai trouvée, et j’en suis bien content! Et je ne cesse de m’interroger; Ces gens qui en souffrent, comment font-ils pour ne pas voir que ce temps de solitude qu’ils et elles subissent, c’est le seul temps qui compte pour leur enrichissement personnel. Après avoir vaincu ce marasme intérieur, non, les autres ne sont pas tous des cons, non la vie n’est pas si difficile que cela, non la malchance n’existe pas. Mais plutôt; Oui, il y a des oreilles attentives (avec des gens derrière, évidemment), oui il y a une foultitude de choses à découvrir et à pratiquer, et oui, je ne sais pas où je vais comme ça, mais j’aime bien ma vie actuelle, exclusivement avec la compagnie que je choisie, et à mon propre rythme (qui n’est pas bien productif, il faut l’avouer).

9 commentaires sur “La Solitude…

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  1. « Ces gens qui en souffrent, comment font-ils pour ne pas voir que ce temps de solitude qu’ils et elles subissent, c’est le seul temps qui compte pour leur enrichissement personnel. »
    Parce qu’ils cherchent à l’extérieur et chez les autres ce qu’ils devraient chercher dans leur propre intérieur… c’est ça aussi la perversité de la société moderne, faire croire aux gens que le bonheur ne dépend pas d’eux…

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